Une surexposition aux centres commerciaux au Canada et une sous-pondération dans les titres du GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) ont contribué au rendement négatif de 2,3 % de la Caisse de dépôt au premier semestre 2020, marqué par la crise sanitaire.

L’institution fait surtout pire que son indice de référence (0,8 %) à la première occasion où la conjoncture économique lui est défavorable en 10 ans.

La Caisse avait beaucoup insisté dans le passé sur sa résilience en cas de crise. En 2018, c’était même le titre de son rapport annuel Qualité. Résilience. Le mot apparaissait à 13 reprises dans le document.

Au premier semestre 2020, le gestionnaire d’actif des régimes publics de retraite et d’assurance a perdu 8 milliards. L’actif net de la Caisse s’établit à 333 milliards après six mois.

La Caisse n’est pas en crise pour autant, a tenu à préciser son président et chef de la direction, Charles Emond.

« Malgré le contexte mondial très difficile des derniers mois, la Caisse a toute la solidité financière requise pour répondre aux conditions de son environnement d’affaires et produit des rendements supérieurs aux besoins de ses déposants sur le long terme », dit Charles Emond, président et chef de la direction de la Caisse de dépôt dans un communiqué

Le secteur technologique boudé

La Caisse a obtenu un rendement de – 5 % dans le portefeuille Actions au premier semestre. La contre-performance s’explique par une présence limitée des titres technologiques dans le portefeuille Marchés boursiers, durant une période de pandémie où ceux-ci ont battu des records. Les titres des GAFAM enregistrent une performance de 31,4 % en six mois.

La Caisse est en effet sous-pondérée dans ces titres, comme La Presse l’avait exposé dans un article en juillet de l’an dernier.

Au 31 décembre 2019, la Caisse de dépôt était investie plus lourdement dans la pétrolière américaine ExxonMobil (594 millions US) que dans Amazon, Apple et Facebook réunies (425 millions US).

« La Caisse me donne l’impression d’agir en silos, dit le gestionnaire de portefeuille Carl Simard, de la firme GPS Medici, à qui nous avons demandé de commenter les résultats. Il est celui qui avait souligné à La Presse l’été dernier la timidité des positions de la Caisse dans les entreprises phares de l’économie mondiale.

Répartition des actifs de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) au 31 décembre 2019. (Source: cdpq.com)

« La Caisse, poursuit-il, investit en fonction de la diversification des secteurs », une approche dépassée, selon lui, car les secteurs évoluent dans le même sens que la Bourse en général.

« De nos jours, la technologie est partout, pas seulement dans le secteur technologique. Google, est-ce une entreprise technologique ? Oui et non. C’est une entreprise qui utilise la technologie pour vendre de la publicité. Facebook, c’est la même chose », soutient-il.

Carl Simard dit préférer investir dans des entreprises extraordinaires plutôt que dans des secteurs. En ce sens, il souhaiterait voir au sein des équipes d’investissement de la Caisse de dépôt davantage d’analystes d’affaires, pas juste des analystes financiers.

En conférence de presse, M. Emond a indiqué qu’il allait corriger le tir au sujet des titres technos. « Je ne dis pas qu’on va sortir acheter les GAFAM demain matin. Mais on doit prendre conscience de la technologie dans nos processus. On doit trouver un moyen de s’exposer prudemment et intelligemment pour nos déposants. La technologie est là pour de bon. Il faut faire de la place à des titres de croissance qui ont bénéficié [de l’élan des marchés boursiers] dans les dernières années. »

Dans les autres portefeuilles d’investissements, le début de l’année 2020 a été particulièrement pénible pour la filiale immobilière de la Caisse. Le portefeuille Immeubles affiche un rendement de – 11,7 %.

Du côté des Infrastructures, la Caisse obtient un rendement de – 1,0 % pour le premier semestre. Ses investissements dans les énergies renouvelables et les télécommunications ont sauvé la mise pendant que l’activité, au plus fort de la crise, cessait dans les aéroports en portefeuille.

En revenu fixe, dans un environnement de taux baissiers, la catégorie génère un rendement de 4,1 % en six mois.

Source: Bulletin de mi-année de la Caisse de dépôt: pas assez de GAFA, trop de centres d’achat (La Presse+)

 

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