Medici dans les médias

L’un des plus importants balados financiers du monde braque ses projecteurs sur les succès de Medici

L’un des plus importants balados financiers du monde braque ses projecteurs sur les succès de Medici
7 août 2024

Le plus récent épisode du très réputé balado We Study Billionaires, diffusé par The Investor’s Podcast Network, donne la parole au gestionnaire de portefeuille et associé de Medici, Pierre-Olivier Langevin.

« Dans l’univers des gestionnaires de portefeuille, Medici se distingue de la plupart des autres firmes grâce à une performance exceptionnelle, ayant généré un rendement annuel de 16 % depuis 2009, comparativement à seulement 11,3 % pour son barème de référence [NDLR: du 1er janvier 2009 au 31 décembre 2023] », souligne l’animateur Clay Finch dans son introduction.

Fondé en 2003, l’Investor’s Podcast Network (TIP) est l’un des regroupements de balados les plus influents dans le monde du placement. Ses balados et contenus éducatifs ont été téléchargés plus de 100 millions de fois.

Au cours de l’entrevue, Pierre-Olivier et l’animateur abordent plusieurs sujets importants :

  • la création de Medici autour d’une passion pour l’approche d’investissement reposant sur la valeur fondamentale des entreprises et mise de l’avant par Warren Buffett ;
  • la stratégie d’investissement de Medici ;
  • l’approche de Medici pour sélectionner les entreprises dans lesquelles elle investit ;
  • le fonctionnement de son comité d’investissement.

La discussion permet aussi d’examiner de plus près certains titres détenus par Medici, comme Dollarama, Meta et O’Reilly.

Écoutez le balado We Study Billionaires ou consultez la transcription en français :


[Mise en ligne : 1er août 2024]

[0:00:00 a.m.] Clay Finck: Dans l’épisode d’aujourd’hui, je reçois Pierre-Olivier Langevin pour discuter de l’approche d’investissement de Medici et de plusieurs participations détenues en portefeuille. Dans l’univers des gestionnaires de portefeuille, Medici se distingue de la plupart des autres firmes grâce à une performance exceptionnelle, ayant généré un rendement annuel de 16 % depuis 2009, comparativement à seulement 11,3 % pour son barème de référence. Medici est établie à Montréal et la grande majorité de ses clients parlent français. J’étais donc très heureux de réaliser la toute première grande entrevue en anglais sous forme de baladodiffusion de la firme. Au cours de cet épisode, nous abordons ce qui a incité Pierre-Olivier à joindre Medici si tôt dans l’existence de la firme, pourquoi Medici fait appel à un comité d’investissement pour sélectionner de nouveaux titres, nous donnons un aperçu de leur thèse d’investissement dans Dollarama, Meta, O’Reilly Automotive, et bien plus encore.

[0:00:43 a.m.] Clay Finck: Sur ce, j’espère que vous apprécierez l’épisode d’aujourd’hui avec Pierre-Olivier.

[0 h 49 s] Intro : Célébrant 10 ans et plus de 150 millions de téléchargements. Vous écoutez The Investor’s Podcast Network. Depuis 2014, nous étudions les marchés financiers et lisons les livres qui influencent le plus les milliardaires autodidactes. Nous vous tenons informés et préparés à l’imprévu. Place à votre hôte, Clay Finck.

[00:01:18] Clay Finck: Bienvenu à The Investor’s Podcast. Ici Clay Finck, je suis très heureux de recevoir Pierre-Olivier Langevin, de Gestion de Portefeuille Stratégique Medici. Pierre-Olivier, c’est un plaisir de vous avoir avec nous aujourd’hui.

[00:01:31] Pierre-Olivier Langevin : Merci de nous avoir invités, je suis très heureux d’être ici.

[0:01:35 a.m.] Clay Finck: Medici a un parcours phénoménal depuis sa fondation. Vous avez généré un rendement annuel composé de 16 % depuis le début de 2009, comparativement à votre indice de référence qui a enregistré un rendement de seulement 11,3 %. Pierre-Olivier, vous avez grandement contribué à générer cette croissance à titre de gestionnaire de portefeuille chez Medici. Après avoir commencé votre carrière en design industriel, vous avez fait la transition vers l’industrie de l’investissement lorsque vous avez joint Medici en 2011, soit seulement deux ans après la fondation de la firme. Je suis curieux de savoir ce que vous avez vu en Medici à l’époque ? Et comment saviez-vous que c’était une firme qui vous convenait étant donné que vous commenciez tout juste dans le monde de l’investissement professionnel ?

[00:02:17] Pierre-Olivier Langevin : Il n’y avait en effet pas grand-chose à voir en termes de feuille de route. La firme était en démarrage. Pour ma part, je voulais éventuellement quitter le design industriel afin de mener une carrière en investissement. Je voyais cela comme quelque chose qui se produirait dans un avenir lointain. Je travaillais donc en design industriel de jour et, le soir et la nuit, je me consacrais à l’investissement.

Carl Simard et Dany Foster étaient séduits par mon profil. Ils avaient fondé Medici deux ou trois ans avant de me rencontrer. À l’époque, je tenais un blogue financier pour établir des contacts et discuter avec des gens qui connaissaient l’investissement fondamental. Carl et Dany étaient attirés par mon profil.

De son côté, Carl Simard écrivait dans des journaux locaux montréalais, au Québec. Il mettait en valeur des entreprises affichant un bon rendement des capitaux propres (ROE) ou un bon rendement des actifs (ROA). Je me souviens même qu’il avait écrit un article à propos de ce que Warren Buffett ferait s’il investissait dans des entreprises québécoises. Il avait mentionné des noms comme Alimentation Couche-Tard, Quincaillerie Richelieu et Groupe CGI.

Nous avions des opinions similaires à propos de l’investissement en général. Par exemple, de considérer les marchés comme un moyen d’acheter des entreprises, et non des morceaux de papier. Mais je pense que ce qui était unique à propos de Medici et de la façon dont nous avons commencé, c’est qu’il n’y avait pas d’investisseur-vedette qui dicte la voie.

La plupart des nouvelles sociétés d’investissement créées de nos jours le sont par un employé qui choisit de quitter la firme d’investissement pour laquelle il travaille afin de se lancer en solo. Cette personne connaît la recette, les processus et s’adjoint des employés qui assurent les fonctions administratives afin de l’aider à continuer à analyser les actions pendant la journée. Il n’y avait pas de processus de ce genre en place chez nous. Tout devait être fait de zéro. Même Carl Simard, qui a fondé l’entreprise, ne venait pas d’une autre firme d’investissement.

Il avait étudié l’actuariat parce qu’à un jeune âge, ce qu’on lui avait appris à l’école, c’était essentiellement que les marchés étaient efficients et qu’il n’était pas possible de générer une valeur ajoutée significative à long terme. Il s’était donc dit à l’époque que si rien ne pouvait être fait dans ce domaine, alors il ne poursuivrait pas une carrière en investissement.

Nous avons dû tout apprendre. Carl et Dany savaient qu’il était essentiel de s’entourer de bons employés et de mettre en place d’excellents processus en matière d’investissement. Nous avons simplement observé ce que faisaient les meilleurs. Si vous voulez être bon au hockey, vous devriez regarder des vidéos de Connor McDavid ou de Sidney Crosby. C’est la même chose pour l’investissement. Vous devriez regarder Warren Buffett, observer Phil Fisher ou Charlie Munger.

Quoi qu’il en soit, je me souviens que Carl m’avait demandé lors de mon premier entretien si je gérais mon propre argent. Il m’a demandé : « Quel est ton rendement jusqu’à présent ? », « Comment calcules-tu ton rendement ? » Je me suis alors dit : « Ils pensaient que ces questions étaient vraiment difficiles, mais non, elles étaient à mon avis faciles à répondre ! » Or, j’ai appris plus tard, peut-être un an ou deux après, que toutes les personnes rencontrées pour le poste ne géraient même pas leur propre portefeuille. Ils achetaient des fonds communs de placement ou copiaient les marchés en achetant des fonds indiciels.

Quand on pense à l’investissement, probablement encore plus au Canada et au Québec, il est fascinant de voir à quel point les participants de l’industrie ne cherchent pas à battre le marché. Et même ceux qui prétendent le faire— vous regardez les fonds communs de placement — ils détiennent 75, voire 100 actions de sociétés différentes. Donc, si votre meilleure idée représente 4 % de votre portefeuille, avez-vous vraiment pour métier de générer des rendements supérieurs au marché ? Bien sûr que vous allez sous-performer. Si vous facturez des frais et que vous faites de l’indexation déguisée, il est évident que vous allez sous-performer le marché. J’étais donc surpris par cela. Je me suis dit : « Eh bien, voilà une grande occasion qui s’offre à moi… Nous pourrions créer beaucoup de valeur si nous investissons correctement. »

[00:06:08] Clay Finck: Merveilleux. Vous avez mentionné l’aspect de l’équipe, l’idée de ne pas avoir une vedette qui dirige tout. Je pense que c’est l’une des caractéristiques qui distinguent Medici et la façon dont vous avez réussi à générer ces rendements exceptionnels, en faisant appel à un comité pour prendre des décisions d’investissement. Je suis curieux de savoir comment le comité fonctionne, comment il permet de générer des idées d’investissement et comment une idée finit par faire sa place au sein du portefeuille.

[0 h 6 min 34 s] Pierre-Olivier Langevin : Le comité en lui-même n’effectue pas beaucoup de travail d’analyse. La recherche est effectuée par les analystes. Parmi les cinq membres de notre comité, il y a trois analystes qui consacrent la majeure partie de leur temps à l’analyse de titres.

[0 h 6 min 50 s] Pierre-Olivier Langevin : Le comité se charge de réviser les décisions. Toutes les transactions d’achat et de vente sont prises par le comité.

Soit dit en passant, nous estimons qu’un comité composé de 5 personnes est le nombre adéquat. Lorsqu’il y a trop de personnes qui interviennent, c’est comme un sondage d’opinion publique. Vous ne voulez pas cela. Vous voulez une équipe assez agile pour pouvoir prendre des décisions tranchées.

[00:07:13] Pierre-Olivier Langevin : Si vous avez dix personnes autour de la table et que vous voulez placer 10 % de votre argent dans un titre, cela sera assez difficile. D’un autre côté, cela peut s’avérer problématique si une seule personne prend les décisions, car nous voulons éviter les échecs importants. Si vous finissez par mettre 25 % du portefeuille dans un seul titre parce que vous êtes très confiant et que personne ne défie vos idées, vous vous exposez à d’importantes pertes d’argent. Pouvoir mettre 10 % du portefeuille dans un titre est suffisamment important, tandis qu’un comité d’investissement trop restreint pourrait nous exposer à des risques.

En ce qui concerne notre stratégie, elle est appliquée à la fois par les analystes et par le comité. Nous sommes des investisseurs fondamentaux. Tous les membres du comité sont eux-mêmes des investisseurs. Ils ont leur propre portefeuille, ils prennent leurs propres décisions pour leur propre argent. Et quand nous trouvons quelque chose d’attrayant, nous voulons investir avec conviction. Nous possédons plus ou moins 15 à 20 actions. Nous avons une seule stratégie. Nous sommes des généralistes qui regardent les entreprises une à la fois dans la plupart des secteurs : les entreprises technologiques, pharmaceutiques, financières, industrielles, etc. Nous évitons généralement les biotechnologies, les producteurs de matières premières, les entreprises très cycliques composant avec des coûts fixes importants ou les entreprises très spéculatives qui ne génèrent pas de revenus. Nous évitons aussi les modes comme Beyond Meat, l’industrie du cannabis, les cryptomonnaies, les entreprises comme Valeanti Pharma…

Nous centrons notre attention essentiellement sur quatre critères : un bon rendement du capital soutenable dans le temps, idéalement même en périodes de récession, des avantages concurrentiels significatifs et en expansion. Le troisième critère est d’avoir de bons gestionnaires capables de réinvestir sur le long terme à des taux de rendement attrayants. Si vous avez ces trois critères, c’est super ! Vous avez une excellente entreprise ! Mais nous sommes des investisseurs et nous sommes là pour obtenir un rendement supérieur à celui de l’indice de référence. Pour ce faire, nous devons acheter les titres à une valorisation raisonnable. C’est essentiel.

Les principales leçons que nous avons apprises au sein du comité d’investissement au fil du temps, et qui font référence à votre question initiale, sont d’avoir la discipline de conserver les titres gagnants. Les gagnants ne sont pas nécessairement des actions dont la valeur a augmenté, mais ce sont des entreprises capables de faire composer le rendement parce qu’elles savent comment réinvestir le capital qu’elles génèrent. Et à mesure qu’elles réinvestissent le capital qu’elles génèrent, leurs avantages concurrentiels s’accroissent.

J’aurais aimé comprendre l’importance du réinvestissement du capital plus tôt dans ma carrière. J’étais concentré sur la recherche des meilleurs avantages concurrentiels. Or, parfois, une entreprise bénéficie d’avantages concurrentiels qui ne lui permettent pas de réinvestir suffisamment son capital. Ainsi, même si vous possédez une excellente entreprise, vos rendements ne sont pas nécessairement aussi bons que souhaité.

Le comité, en tant que groupe, se concentre toujours sur le réinvestissement du capital. Cela nous ramène toujours à l’idée suivante : cette entreprise peut-elle faire composer son rendement dans le temps ?

Nous avons vendu Apple, nous avons vendu Costco… Il y a beaucoup d’entreprises que nous avons vendues et nous nous sommes dit : « bon sang, nous avons laissé tellement d’argent sur la table… ».

Je suppose que nous avons appris des leçons à la dure, mais il y a une entreprise que nous avons su conserver. Votre audience connaît probablement bien Constellation Software. Nous la détenons depuis 2012. Cela fait donc 12 ans. Son titre a été cher la plupart du temps, mais pouvoir bien juger de la qualité de l’entreprise et avoir ce critère de valorisation raisonnable, une action peut être chère, l’entreprise peut être bonne, et vous pouvez la conserver tant que c’est raisonnable. Le comité nous a vraiment aidés à apprendre quels titres devaient être conservés et ceux qui devaient être vendus en fonction de la valorisation.

Il est vraiment difficile de trouver de véritables entreprises qui font composer leur capital dans le temps. Donc, quand cela arrive, ces entreprises ne demeurent pas bon marché longtemps. Vous devez donc accepter de les détenir à des valorisations plus élevées.

Peut-être que la deuxième leçon clé serait en premier lieu d’effectuer l’analyse d’une entreprise, puis d’essayer de l’acheter à une valorisation raisonnable. Et non l’inverse. Parfois, en tant qu’investisseurs, nous sommes attirés par les titres qui ont baissé. Mais si vous ne connaissez pas l’entreprise et que son titre a baissé, vous avez deux choses à comprendre. Vous devez comprendre l’entreprise, comment elle fonctionne, qui sont ses dirigeants, quelle sont ses perspectives à long terme, mais vous devez aussi comprendre le problème qui a fait reculer son action. Est-il temporaire ou permanent ? Vous avez donc deux problèmes à résoudre. Ce que nous avons appris au fil du temps, c’est que lorsque vous faites ce processus dans l’autre sens, en essayant de trouver des titres déprimés, vous effectuez la recherche en tournant les coins ronds. Vous allez vite parce que vous vous dites : « l’action pourrait remonter et je pourrais perdre l’occasion. »

Nous avons réalisé nos meilleurs investissements en suivant des entreprises pendant des années et en nous demandant : « Quand vais-je pouvoir acheter cette entreprise ? Elle est super chère et ça a toujours été comme ça ! » Mais des problèmes surviennent dans la vie. Et peut-être que cinq ans plus tard, une occasion de l’acheter survient. L’entreprise peut avoir un problème à ce moment-là, mais vous pouvez vous concentrer sur ce problème et déterminer si vous voulez acheter ou non.

[00:12:30] Clay Finck: De nombreux bons points ici. J’aime celui que vous avez soulevé à propos du fait que ces entreprises vraiment exceptionnelles peuvent être très rares et que nous devrions être très réticents à les vendre. Une des idées auxquelles j’ai pensé récemment est que les gens peuvent regarder le multiple d’une entreprise aujourd’hui et voir qu’il est plus élevé que dans le passé.

En comparant avec le passé, ils peuvent se dire : « Oh, l’entreprise est plus chère qu’avant ». Mais si elle a affiché une bonne performance économique et que l’action a multiplié sa valeur par 3 ou 4 fois au cours des dernières années, cela vous indique que le multiple précédent que vous regardiez représentait une mauvaise évaluation parce que quelque chose était sous-estimé dans la croissance future de l’entreprise. Donc, regarder les multiples peut parfois s’avérer un jeu délicat avec ces entreprises exceptionnelles.

[0 h 13 min 15 s] Pierre-Olivier Langevin : C’est comme un muscle que vous devez fléchir. Plus vous en savez sur l’entreprise et plus elle est de grande qualité, plus vous arrivez à l’idée que le multiple revêt une importance moindre. Le titre peut sembler cher, mais si vous savez que cette entreprise est capable de réinvestir le capital qu’elle génère à un taux de rendement de 20 %, qu’elle dégage d’abondantes liquidités qui sont majoritairement réinvesties… Même avec un ratio cours/bénéfice de 30, cela pourrait s’avérer bon marché pour une telle entreprise. Le concept de l’évaluation d’une entreprise, ce n’est pas noir ou blanc, c’est une question de jugement.

[0:13:50 a.m.] Clay Finck: Vous avez quelque peu parlé des avantages concurrentiels et en investissement, une des choses délicates est que nous pouvons nous retrouver dans ces chambres d’écho où nous parlons aux mêmes personnes et nous répétons tous les mêmes arguments. Pouvez-vous expliquer comment le comité vous a aidé à trouver ces entreprises exceptionnelles dotées d’avantages concurrentiels vraiment durables ? J’aimerais en savoir plus à ce sujet.

[0 h 14 min 14 s] Pierre-Olivier Langevin : Bien que la recherche ne soit pas directement effectuée au sein du comité, nous évaluons les analyses et nous posons de nombreuses questions. Comprendre un avantage concurrentiel, ce n’est pas toujours clair dans votre esprit lorsque vous recevez des informations intéressantes. Le fait de devoir les mettre sur papier, les écrire, parce que vous devez rédiger un rapport si vous allez présenter devant un comité vous voyez si cela ne colle pas. Vous vous dites : « Hey, il y a cet aspect que j’ai oublié ou ceci ou cela. » Votre premier comité a lieu dans votre tête parce que vous réfléchissez en l’écrivant. Ensuite, il y a quatre autres personnes qui vous attendent et qui vont vous poser des questions sur ce que vous avez écrit. Présenter à un comité revêt un effet majeur. Je ne sais pas combien d’investisseurs individuels écoutent cette émission, mais lorsque d’autres personnes vous questionnent, vous vous apercevez qu’il y a toujours des aspects que vous oubliez. J’ai la chance personnellement d’avoir quatre investisseurs qui me mitraillent de questions. Cela change vraiment la donne.

[0 h 15 min 15 s] Pierre-Olivier Langevin : En tant que comité ou comme investisseur, que voulez-vous ? Voulez-vous former votre opinion sur un seul jugement ou voulez-vous consulter d’autres opinions ? Il y a toujours des aspects qu’on oublie dans une thèse d’investissement.

[0 h 15 min 36 s] Pierre-Olivier Langevin : L’expérience de vie peut vous apporter des réponses. La connaissance d’une industrie, la comparaison avec d’autres industries… Vous pouvez faire des liens avec des choses comparables. L’histoire passée aussi : des choses surviennent dans la vie d’une entreprise et vous pouvez en tirer des leçons. Le comité s’avère par ailleurs fort utile pour statuer si un dossier est trop complexe.

Parfois, vous êtes passionné par ce que vous faites. Vous n’êtes pas sûr de pouvoir comprendre une entreprise, mais vous êtes prêt à y travailler. Or, vous avez quatre autres personnes qui vous regardent qui ne réussissent pas à vous poser des questions pertinentes parce qu’elles ne savent pas ce qui se passe. Voilà qui peut s’avérer un bon indicateur : vous devriez peut-être cesser votre analyse parce que personne ne pourra défier vos idées.  

[0 h 16 min 20 s] Pierre-Olivier Langevin : Et nous pourrions commettre des erreurs. Clay, je pense que vous aimez Charlie Munger. Il a dit : « Je ne crois pas qu’il faille simplement s’asseoir et essayer de tout imaginer soi-même. Personne n’est si intelligent… » Donc, que voulez-vous ? Avoir cinq paires d’yeux qui regardent un avantage concurrentiel et déterminer s’il va évoluer rapidement ou lentement ? S’il peut être perturbé ou non ? Voulez-vous faire cela seul ou en équipe ?

Vous devez garder l’esprit ouvert si vous le faites en équipe. Si vous êtes un jeune investisseur en l’an 2000 et que vous utilisez Web Crawler, AltaVista, Google, ou tout autre moteur de recherche, vous vous seriez probablement aperçu à quel point le marché des annuaires téléphoniques allait être perturbé, tandis qu’un investisseur plus âgé qui n’utilisait pas ces technologies à l’époque aurait probablement pensé que le secteur des annuaires téléphoniques est le meilleur qui ait jamais existé. Vous ne voulez pas être cette personne.

Chez Medici, lorsque l’intelligence artificielle (IA) est arrivée, nous avons fait venir un expert du domaine pour présenter au comité d’investissement ainsi qu’au reste de l’équipe. Nous utilisons maintenant l’IA pour améliorer nos propres processus internes. Mais en faisant appel à un expert, nous sommes passés de : « Google va participer à l’industrie de l’IA et ce sera un avantage pour l’entreprise parce qu’elle l’a déjà fait » à « Ils participeront à ce secteur, mais ils ne seront qu’un acteur de ce secteur parmi d’autres. Ils ne seront pas les seuls. » Ainsi, compter sur une expertise externe s’avère essentiel. Un comité d’investissement peut faire cela.

Et si je peux aller un peu plus loin, tous les avantages concurrentiels ne sont pas égaux. Lorsque le comité examine ces avantages — nous avons appris à travailler ensemble — et avons constaté que certains avantages concurrentiels se développent tandis que d’autres ne le font pas, voire diminuent. Un exemple est O’Reilly Automotive, qui est une entreprise que vous connaissez bien aux États-Unis. Nous l’avons suivie de nombreuses années avant de l’acheter, je crois que c’était en 2018. Amazon avait alors annoncé, officiellement ou non, je ne me souviens pas, qu’elle allait entrer dans l’industrie des pièces automobiles de rechange. O’Reilly a dans la foulée chuté, ce qui nous a permis de l’acheter. Certains membres du comité se disaient alors : « D’accord, c’est un prix raisonnable, c’est bien… », mais lorsque l’action a remonté dans les deux ou trois années suivantes, nous nous sommes dit : « D’accord, nous devrions la vendre parce qu’il n’y a pas beaucoup de croissance à venir et parce qu’elle est bien valorisée… ». Mais il y avait un autre aspect de la thèse que nous avons vraiment appris en regardant les chiffres, en interrogeant la direction, mais aussi en discutant au sein du comité. Il est vrai que le marché semble mature, mais il y a de nombreux acteurs qui n’ont pas fait les investissements nécessaires, qui n’ont pas l’infrastructure de distribution pour fournir des pièces rapidement. Et chaque fois qu’O’Reilly ouvre un nouveau magasin, elle entraîne la fermeture d’un petit magasin concurrent indépendant de type « mom and pop ». Donc, même si elle ne semblait pas avoir la capacité d’ouvrir de nouveaux magasins pendant de nombreuses années, O’Reilly l’avait en réalité. Certains membres du comité ont dit : « non, il y a plus de croissance à venir que nous ne le pensons ». Tenir ce débat interne et avoir eu la patience de conserver l’entreprise même si son évaluation en Bourse semblait déraisonnable nous a permis d’obtenir un excellent rendement. Nous possédons encore le titre d’O’Reilly aujourd’hui.

[0:19:54 a.m.] Clay Finck: Vous touchez vraiment une corde sensible avec moi sur ce plan : s’entourer d’autres personnes avec qui parler d’investissement et discuter de sujets très complexes comme les avantages concurrentiels. Je me suis aperçu en rejoignant TIP que l’investissement peut être une activité très solitaire. Cela me rappelle la communauté que nous avons récemment lancée, appelée Mastermind TIP. Elle s’avère être une ressource précieuse pour moi.

[0:20:17 a.m.] Clay Finck: Juste pour avoir des gens avec qui m’entourer pour discuter de sujets complexes, parler des entreprises, parler des avantages concurrentiels ou des stratégies d’investissement. Et je pense que cela fait également bien le lien avec ma prochaine question. Un des autres aspects de votre firme que j’ai trouvé particulièrement intéressant est que Medici affirme fièrement que bon nombre de vos analystes et de vos gestionnaires de portefeuille ne proviennent pas de l’industrie de l’investissement. Je suis curieux de connaître votre avis sur la question de savoir si cela peut offrir un avantage à votre firme, que ce soit la capacité à penser de manière plus indépendante ou à remettre en question certaines pensées conventionnelles que l’université peut nous enseigner. Quelles sont vos réflexions à ce sujet ?

[0 h 20 min 57 s] Pierre-Olivier Langevin : Compte tenu de la pénurie de main-d’œuvre, disons tout d’abord que si vous trouvez quelqu’un de bon venant de l’industrie, vous n’avez pas vraiment le luxe d’ignorer sa candidature. Il y a de bonnes personnes issues de l’industrie. Mon but n’est pas de critiquer, mais au sein de notre industrie, du moins au Canada, je ne sais pas si c’est pareil aux États-Unis, elle est beaucoup plus axée sur la vente de produits que sur l’investissement. Donc, si vous trouvez des gens de l’industrie expérimentés, ils sont probablement bien au courant de la manière de vendre un fonds à un client, mais de l’investissement, peut-être pas autant. À l’université, on nous apprend la théorie de l’efficience de marchés. Donc, pour revenir à la première question de départ, vous apprenez que vous ne pouvez pas battre le marché ou que vous ne devriez pas essayer de battre le marché. Les personnes qui finissent par apprendre l’investissement fondamental, le concept de valeur intrinsèque et l’importance d’avoir une marge de sécurité au moment d’acheter des actifs, eh bien, elles l’ont découvert par elles-mêmes. Elles viennent souvent d’un autre domaine que le secteur financier. Cela ne veut pas dire que quelqu’un à l’école n’aurait pas la curiosité de suivre une approche d’investissement fondamental, mais…

[0:22:12 a.m.] Clay Finck: Je pense qu’un autre bon point ici est de lier cela à la question initiale de votre entretien d’embauche chez Medici. On vous a demandé de montrer votre portefeuille. Qu’avez-vous acheté ? Pourquoi l’avez-vous acheté ? Comment cela s’est-il passé ? Cela revient essentiellement à se demander : cette personne est-elle vraiment passionnée par l’investissement ? Si elle achète un fonds commun de placement avec 5 000 entreprises qui comporte tous ces frais, peut-être qu’elle n’est pas aussi passionnée par l’investissement qu’elle pourrait le prétendre.

[0 h 22 min 33 s] Pierre-Olivier Langevin : Vous pouvez être passionné par la planification financière, par exemple, mais par l’investissement, je ne suis pas sûr. Mon collègue et associé, Eddy, était tellement heureux de s’inscrire à un cours de gestion de portefeuille à l’université. Il se disait : « wow, je vais apprendre à investir… ». En passant, il investissait déjà par lui-même. Il voyait le cours comme un moyen d’améliorer son apprentissage, mais il s’est rendu compte que le cours portait surtout sur l’écart-type, les ratios bêta et les lettres grecques. Il disait : « je n’investis pas dans des lettres grecques, j’investis dans des signes de dollar, ce n’est pas grec, c’est américain ! ». On plaisante souvent avec cela.

Par ailleurs, peut-être une idée qui vaut la peine d’être mentionnée à propos du comité d’investissement est qu’il ne serait pas efficace s’il était dirigé par un dictateur. Si une seule personne prend les décisions et les autres ne sont là que pour donner leur avis, la conséquence à long terme est que ces personnes qui donnent seulement leur avis ne feront plus confiance au processus et ne s’exprimeront pas parce que de toute façon, cela n’aura aucun effet sur les décisions finales.

[0 h 23 min 42 s] Pierre-Olivier Langevin : La personne finira par décider ce qu’elle veut. Cela peut sembler cliché, mais la diversité d’opinions doit être encouragée. Notre culture vise à susciter activement les opinions contraires. Ainsi, il doit y avoir des gens qui recherchent des informations opposées à la thèse. Même la personne qui présente l’idée d’investissement doit rechercher des éléments contraires à la thèse. Elle doit s’attendre à ce que ses idées soient défiées. Cela peut mener à des débats animés. Donc, vous devez avoir un groupe de personnes matures capables de s’entendre, même si nous avons un débat animé. Lorsque le comité est terminé, tout le monde doit pouvoir s’entendre. Ce n’est pas tout le monde qui est capable de faire cela.

Une chose amusante est que nous avons la pratique de l’avocat du diable. Lorsqu’il y a une nouvelle idée d’investissement qui doit être présentée au comité, nous tirons un nom au sort et cette personne est l’avocat du diable. Son seul mandat est d’avoir une opinion défavorable sur le titre et de trouver tous les points négatifs qu’il peut dire sur la thèse. Ce que nous avons remarqué au fil du temps, c’est qu’il n’est plus nécessaire de choisir une personne pour ce rôle, car les quatre autres membres du comité sont déjà des avocats du diable. Même la personne qui présente l’idée est un avocat du diable en soi, car elle présente les aspects positifs, mais parle également des risques. Quel meilleur moyen de ne pas alimenter un débat que de dire soi-même en tant que présentateur, ce qui ne fonctionne pas dans sa propre thèse ?

[0:25:08 a.m.] Clay Finck: Je voulais profiter de cette entrevue pour discuter de quelques titres que Medici détient. Étant établis à Montréal, vous découvrez inévitablement certaines entreprises au nord de la frontière américaine, dont Dollarama. Dollar General a fait l’objet de nombreuses discussions au cours de la dernière année aux États-Unis étant donné la performance du cours de son action. Quand j’ai regardé les rendements de Dollarama et Dollar General, c’est comme le jour et la nuit au cours des 18 derniers mois. Cela m’a franchement surpris. En général, on pourrait penser que s’il y a un ralentissement dans le commerce de détail de manière générale ou dans certains segments, cela affecterait de nombreux acteurs.

[0:25:46 a.m.] Clay Finck: Lorsque vous regardez depuis le début de 2023, l’action de Dollarama a augmenté de plus de 60 %, tandis que l’action de Dollar General a chuté d’environ 50 %. Qu’est-ce que Dollarama fait de différent par rapport à Dollar General ?

[0 h 25 min 59 s] Pierre-Olivier Langevin : Je connais certainement un peu mieux Dollarama que Dollar General, mais nous avons visité les magasins de Dollar General plusieurs fois lorsque nous sommes venus aux États-Unis.

[0 h 26 min 7 s] Pierre-Olivier Langevin : Donc, je peux définitivement commenter. Dollar General propose une sélection plus large de produits de consommation que Dollarama. En effet, chez Dollarama, il n’y a que des articles à bas prix et les meilleures affaires que l’entreprise peut trouver. Dollar General fait pour sa part des offres groupées et des promotions. Chez Dollarama, vous ne voyez aucune promotion.

[0 h 26 min 30 s] Pierre-Olivier Langevin : Vous voyez des prix bas de tous les jours, sans publicité. Il n’y a absolument aucune publicité. Chez Dollar General, il y a de nombreux formats pour un même article. Dollarama n’a pratiquement pas de grands formats, surtout dans la catégorie épicerie. Vous y trouvez des petits formats. Si vous en voulez plus, vous en achetez deux ou trois. La clientèle principale de Dollar General, d’après ce que nous comprenons, est composée de gens qui font leur épicerie là où il n’y a parfois pas d’autres options, comme dans de petits villages. La clientèle principale de Dollarama est plutôt constituée de gens qui ont besoin de produits de tous les jours : des articles ménagers, des ustensiles de cuisine, des articles de base, des produits électroniques, des fournitures de bricolage, des jouets, des outils, etc. C’est vraiment un magasin de marchandises générales.

[0 h 27 min 18 s] Pierre-Olivier Langevin : Les gens à faible revenu peuvent vouloir acheter des produits d’épicerie, mais ce n’est pas la clientèle principale. Ils sont minoritaires. Il y a de nombreuses différences que je vois, mais je pourrais expliquer la différence par rapport aux résultats en termes de marges, si vous le souhaitez.

[0:27:35 a.m.] Clay Finck: La marge bénéficiaire nette de Dollarama est d’environ 17 %.

[0:27:42 a.m.] Clay Finck: Et, en contraste, celle de Dollar General est de 4 %. La marge oscillait entre 6 % et 7 %, mais elle a baissé avec le ralentissement qu’ils ont connu. Pourquoi la marge bénéficiaire de Dollarama est-elle si élevée ?

[0 h 27 min 57 s] Pierre-Olivier Langevin : Encore une fois, chez Dollar General, 81 % des revenus proviennent des produits de consommation. Or, nous savons que ces produits dégagent des marges bénéficiaires plus faibles.

[0 h 28 min 6 s] Pierre-Olivier Langevin : Chez Dollarama, c’est 46 %. Donc, juste sur cette base, Dollarama dégage une meilleure marge. Dollar General affiche des marges similaires à celles des épiceries. Dollarama, pour sa part, n’est pas une épicerie. 4 % des revenus de Dollar General provient d’importations directes. Donc, la plupart des articles vendus chez Dollar General passent par un distributeur.

[0 h 28 min 33 s] Pierre-Olivier Langevin : Vous devez ainsi donner une partie de vos bénéfices au distributeur. Chez Dollarama, 50 % des produits viennent d’importations directes. C’est une énorme différence. Chez Dollar General, vous verrez une plus grande proportion de marques nationales. Donc, si vous achetez des marques nationales, il y a peut-être moins de pouvoir de négociation que vous pouvez exercer avec ces grands acteurs.

[0 h 28 min 56 s] Pierre-Olivier Langevin : Si vous visitez un magasin Dollarama, vous verrez qu’il y a une offre nettement plus importante de marques privées. Dollarama est reconnue pour ses imitations. Vous regardez le kiosque de tablettes de chocolat, vous ne verrez pas de barre Mars. Vous verrez « Meteor », qui est exactement la même chose, mais elle n’est pas fabriquée par la société qui produit la barre Mars.

[0 h 29 min 18 s] Pierre-Olivier Langevin : Les dirigeants de Dollarama aiment garder les choses simples. Il n’y a pas de nourriture surgelée ou de produits frais dans ses magasins. Les coûts d’énergie de ses magasins et ceux de distribution sont beaucoup plus faibles à cause de cela. Pensez-y : vous n’avez pas de produits frais, réfrigérés ou surgelés. Le fret, le transport… vous transportez par train, c’est donc moins cher.

[0 h 29 min 41 s] Pierre-Olivier Langevin : Vous n’avez pas besoin d’effectuer des livraisons quotidiennes ou à chaque deux jours parce que vous n’avez pas de produits frais. C’est donc moins exigeant en termes de transport. Il est moins coûteux de déplacer les articles. Les boissons en magasin sont presque toutes sur les étagères. Elles ne sont pas réfrigérées. C’est le concept parfait pour les caisses en libre-service, car il n’y a pas de produits soumis à des restrictions d’âge.

[0 h 30 min 8 s] Pierre-Olivier Langevin : Il n’y a rien qui se vend au poids, vous n’avez donc pas besoin d’avoir une balance et un code à entrer à la caisse. Tous les produits ont un code-barres. Le débit peut donc être vraiment rapide en caisse libre-service et vous pouvez tirer une meilleure efficacité de la main-d’œuvre grâce à la simplicité du concept. Et même au moment de l’étiquetage, de nombreux articles vendus dans ses magasins ont leur propre étiquette de prix imprimée sur l’emballage.

[0 h 30 min 32 s] Pierre-Olivier Langevin : Cela signifie que le produit peut être vendu au même prix dans tous les magasins, que ce soit à Toronto ou à Sudbury. Au Canada, il n’y a pas beaucoup de place pour un nouvel entrant. Dollarama a déjà densifié son empreinte dans les grandes villes. Le paysage concurrentiel est également beaucoup plus facile : ; le secteur des magasins à un dollar au Canada fait l’objet d’une pénétration 50 % inférieure à celle qui prévaut aux États-Unis. Dollarama a donc encore de la place pour croître, mais elle s’est déjà bien déployée. Dollar Tree est sa principale concurrente au Canada, avec 250 magasins et elle n’est pas en croissance. Dollarama compte plus de six fois ce nombre de magasins. Le fossé concurrentiel est tout simplement trop grand. Si vous voulez concurrencer Dollarama au Canada, le meilleur moyen serait de l’acquérir.

[0 h 31 min 18 s] Pierre-Olivier Langevin : Or, comme elle est cotée en Bourse et qu’elle bénéficie d’un multiple d’évaluation assez élevé, je suppose que personne n’est prêt à faire cela.

[0:31:26 a.m.] Clay Finck: Nous avons parlé plus tôt du pouvoir du réinvestissement du capital à des taux de rendement élevés. Je vois que le rendement du capital de Dollarama se situe dans la fourchette des 20 % et qu’elle a affiché une très bonne performance à ce chapitre au fil des ans.

[0:31:40 a.m.] Clay Finck: J’ai jeté un coup d’œil à leurs états financiers dernièrement et constaté qu’une grande partie des liquidités tirées de l’exploitation est consacrée au remboursement de la dette et aux rachats d’actions. Elle réalise aussi un peu d’investissements de croissance. Je suis curieux d’entendre votre avis sur les perspectives de l’entreprise à ce stade-ci, ce que vous voyez en termes de croissance des magasins et ce qui vous incite à conserver son titre.

[0 h 32 min 1 s] Pierre-Olivier Langevin : Dollarama loue les magasins et ne dépense donc pas beaucoup en immobilier. Cela peut être assez coûteux en termes de dépenses d’immobilisation quand c’est le cas. Les dépenses en immobilisations sont donc minimes. Ce sont des améliorations locatives, des équipements et des systèmes. Il coûte moins d’un million de dollars pour ouvrir un magasin, du moins au Canada. Je suppose donc que la raison pour laquelle elle ne semble pas réinvestir beaucoup d’argent dans l’ouverture de magasins est simplement parce que cela ne coûte pas cher. Si vous entrez dans un magasin de Dollarama, vous verrez qu’il n’y a rien de fancy dans la décoration. L’aménagement d’un magasin ne coûte pas grand-chose. Il y a peut-être aussi un problème sur le plan comptable. En fait, ce n’est pas un problème, c’est juste la façon dont la comptabilité fonctionne. Dollarama possède 50 % d’une entreprise en Amérique latine appelée Dollar City.

[0 h 32 min 48 s] Pierre-Olivier Langevin : Cela est rapporté selon la méthode de la mise en équivalence ou equity method en anglais. Donc, si vous regardez les dépenses d’immobilisation, seules les dépenses pour l’ouverture de nouveaux magasins au Canada sont prises en compte. Or, elle ouvre un bon nombre de nouveaux magasins au sein de Dollar City. Mais en raison de la méthode comptable utilisée, cela ne sera rapporté dans le tableau des flux de trésorerie que lorsque Dollarama Canada mettra de l’argent frais dans Dollar City.

[0 h 33 min 13 s] Pierre-Olivier Langevin : Cela s’est produit peut-être une ou deux fois au cours des cinq dernières années. Donc, vous ne le verrez pas. Il y a donc probablement plus de dépenses d’immobilisation, des dépenses d’immobilisation ajustées que vous ne le voyez. Juste pour vous donner une bonne idée, Clay, le nombre de magasins au Canada augmente à un rythme de 4 % à 5 % chaque année. Si vous incluez la part proportionnelle de Dollar City, le rythme d’ouverture de magasins se situe plutôt entre 7 % et 8 % par an. C’est un bon rythme de croissance pour une entreprise, 7 % ou 8 %. Nous pensons donc qu’ils courent aussi vite qu’ils le peuvent, mais ils ont encore le luxe d’avoir des flux de trésorerie excédentaires. Il est donc raisonnable de penser qu’ils continueront à racheter des actions, bien qu’ils essaient probablement de maintenir la dette stable.

[0 h 33 min 56 s] Pierre-Olivier Langevin : Ou peut-être la maintenir un peu plus bas. D’un point de vue historique, il est difficile de leur reprocher de racheter des actions parce que le titre a augmenté à un rythme annuel composé de 30 % en moyenne depuis leur introduction en Bourse, il y a 14 ou 15 ans. Nous ne pouvons pas leur reprocher cela. Chez Medici, nous préférerions les voir racheter des actions de manière opportuniste.

[0 h 34 min 21 s] Pierre-Olivier Langevin : Or, il n’y a pas beaucoup d’occasions de croissance et ils gardent peut-être un peu plus de liquidités pour une éventuelle expansion dans de nouveaux pays. Mais, encore une fois, je pense que ce qu’ils font avec le capital est assez bien.

[0:34:36 a.m.] Clay Finck: Merci d’approfondir cet élément. Cela me semble logique. Ils peuvent croître sans réinvestir énormément de capital, ce qui est un élément très favorable lorsqu’on examine une entreprise.

[0:34:46 a.m.] Clay Finck: L’un des autres grands gagnants de votre portefeuille a été Meta, qui, à mon avis, constitue l’une des études de cas du sentiment des investisseurs les plus intéressantes au cours des dernières années. Aujourd’hui, l’action de Meta se trouve juste en dessous de 500 $ US. En novembre 2022, elle était sous les 100 $ US. Il s’agit donc d’une augmentation de plus de cinq fois en moins de deux ans., Or, ce n’était pas un titre facile à conserver.

[0:35:11 a.m.] Clay Finck: Quand je reviens sur 2022, je constate que les revenus avaient diminué pendant trois trimestres consécutifs. Ce fut une période éprouvante pour les investisseurs habitués à une entreprise qui a connu une croissance de plus de 30 % pendant de nombreuses années. Aujourd’hui, vous détenez toujours une participation importante dans Meta, à ce que je sache. Je pense que vous avez ajouté au titre en 2018 lors du scandale Cambridge Analytica.

[0:35:34 a.m.] Clay Finck: Puis, en 2023, vous aviez mentionné dans l’une de vos lettres aux investisseurs que Meta avait contribué à six points de pourcentage de vos rendements en 2023. Évidemment, cela a été un contributeur clé pendant l’année, aux côtés d’entreprises comme Constellation Software, Lumine, Amazon et Alphabet. Étant donné que Meta est toujours une participation importante aujourd’hui, parlez-nous de ce que vous entrevoyez pour l’entreprise et de ce qui vous incite à la conserver.

[0 h 36 min] Pierre-Olivier Langevin : Je pense qu’il est peut-être juste de commencer par un peu de contexte sur ce qui s’est passé en 2022. Les revenus ont en effet diminué si vous regardez les chiffres. En excluant l’effet des taux de change, ils avaient augmenté légèrement, bien que pas autant que ce que vous avez mentionné dans votre question. Et ils continuaient de croître malgré le ralentissement post-COVID, le recul du marché de la publicité numérique, l’émergence de TikTok et les changements aux règles de confidentialité apportées par Apple.

[0 h 36 min 30 s] Pierre-Olivier Langevin : Cela faisait beaucoup de vents de face. Et pourtant, Meta a continué de croître, hors effets de change. Je pense que cela en dit long sur la qualité de l’entreprise en termes de chiffres. L’autre problème majeur était l’effet de levier négatif : ils réalisaient des embauches massives et les dépenses liées au métavers devenaient un peu hors de contrôle à ce moment.

[0 h 36 min 55 s] Pierre-Olivier Langevin : Peut-être que Zuckerberg a craint de rater une opportunité alors que l’économie numérique connaissait un essor grandissant avec la COVID. Il s’est dit : « Eh bien, peut-être que nous avons besoin de plus de personnel à l’avenir et mes concurrents font la même chose, alors faisons-le. » Mais il s’est corrigé assez rapidement en reconnaissant qu’il avait trop embauché.

[0 h 37 min 15 s] Pierre-Olivier Langevin : Cela est devenu clair, d’ailleurs, lorsque les licenciements ont eu lieu en décembre 2022, que le titre était sous-évalué. Il devenait clair que l’effet de levier reviendrait au cours des prochains trimestres, car licencier 20 % de vos employés dans une entreprise comme celle-ci, c’est magique pour les chiffres. Oui, l’action a grimpé avec l’annonce, mais nous nous disions : « Pourquoi ne monte-t-elle pas plus ? »

[0 h 37 min 41 s] Pierre-Olivier Langevin : Nous étions donc vraiment optimistes à ce moment-là et le titre se négociait à moins de 10 fois les bénéfices. C’était vraiment un excellent investissement, mais il fallait comprendre que ces éléments étaient pour la plupart temporaires, ce qui n’était pas si simple à évaluer.

Revenons à l’avantage concurrentiel. Si nous excluons WeChat, un réseau où la grande majorité des utilisateurs sont situés en Chine et qui n’est pas un marché adressable… Meta possède quatre des six sites de réseaux sociaux les plus populaires selon le nombre d’utilisateurs mensuels moyens. Facebook est numéro un, WhatsApp numéro trois, Instagram numéro quatre et Messenger numéro six. Il y a YouTube et TikTok qu’elle ne détient pas parmi ces six réseaux. Ainsi, Meta peut déployer chaque nouvelle initiative sur ces quatre plateformes qu’aucune autre entreprise ne possède.

[0 h 38 min 30 s] Pierre-Olivier Langevin : Si vous pensez à Threads, le réseau que Meta a lancé et qui est assez similaire à Twitter — maintenant appelé X —… Cela peut même augmenter les chances de succès de Meta sur ce réseau parce qu’elle l’interconnecte avec toutes les autres plateformes. Elle est donc faite pour gagner à cet égard grâce à sa domination écrasante de l’environnement des réseaux sociaux.

[0 h 38 min 55 s] Pierre-Olivier Langevin : Si vous pensez à la concurrence, vous pourriez avoir une chance de créer le prochain TikTok, mais qu’en est-il de créer deux ou trois plateformes comme celles-ci ? Quelles sont vos chances de succès ? Nous pensons qu’elles sont probablement nulles à court, à moyen et même à long terme. Encore une fois, réfléchissez-y. Aujourd’hui, le flux algorithmique n’est pas basé sur vos relations sociales. Si vous voulez créer un bon flux, il sera basé sur la puissance de calcul et sur la compréhension de vos intérêts à partir des informations que vous obtenez de l’application. Il faut au moins deux ou trois ans pour comprendre cela et des milliards de dollars en investissements.

[0 h 39 min 33 s] Pierre-Olivier Langevin : Vous devez construire un réseau d’utilisateurs, donc vous devez avoir un bon contenu. Si vous voulez avoir un bon contenu, vous devez être chanceux ou avoir une forme de subvention du contenu, et cela coûte de l’argent. Encore une fois, probablement quelques milliards de dollars. De plus, sur le plan de la sécurité, Meta a investi 20 milliards de dollars depuis 2016.

[0 h 39 min 54 s] Pierre-Olivier Langevin : 5 milliards de dollars US rien qu’en 2023. D’accord ? Ce n’est pas comme il y a 10 ans. Vous devez avoir de la sécurité. Il y a l’intégrité des élections, des choses indésirables se produisent sur la plateforme. Si vous ne faites pas ces investissements, vous pourriez avoir des amendes sévères de la part de la Commission européenne. Et ces amendes sont basées sur vos revenus internationaux, pas vos bénéfices, pas vos bénéfices locaux.

[0 h 40 min 17 s] Pierre-Olivier Langevin : Donc vraiment sur les revenus. Cela pourrait donc être assez risqué pour une nouvelle plateforme de ne pas faire ces investissements. Encore une fois, cela coûte plusieurs milliards de dollars. Je pense que c’est tout simplement difficile de croître rapidement. La monétisation, c’est difficile à comprendre quand on n’a pas la base d’annonceurs. Et Zuckerberg a maîtrisé l’art de la monétisation.

[0 h 40 min 38 s] Pierre-Olivier Langevin : Mais vous savez que vous aurez Zuckerberg qui va tenter de monétiser plus rapidement que vous. Alors, bonne chance ! Et peut-être le dernier point, la sécurité, va vous ralentir beaucoup plus qu’il y a cinq ou dix ans. Et donc, tout cela étant dit, il est difficile de voir comment le fossé concurrentiel de Meta pourrait être fortement ébranlé.

[0 h 41 min] Pierre-Olivier Langevin : Google+ a essayé. Ils avaient la capacité financière et de nombreux autres outils qu’ils pouvaient interconnecter avec le compte Google, Gmail, Google Maps, etc. Et pourtant, ils ont échoué. TikTok a eu sa chance. Snapchat aussi. TikTok risque d’être interdit aux États-Unis. Qu’ont-ils fait en matière de sécurité ? Je ne suis pas sûr qu’ils en aient fait assez.

[0 h 41 min 21 s] Pierre-Olivier Langevin : C’est probablement facile pour moi de dire cela aujourd’hui, mais Meta a pratiquement comblé l’écart avec les Reels. Alors je dirais bonne chance à celui qui voudra défier Meta sur ce terrain. Je pense que nous sommes probablement proches d’un âge d’or des médias sociaux.

[0:41:36 a.m.] Clay Finck: Je pense qu’une partie de l’histoire de Meta et du changement de narratif est presque comme un changement dans l’allocation du capital et de la façon dont ils ont concentré leur attention.

[0:41:46 a.m.] Clay Finck: Donc, tout au long des années 2010, on pourrait dire qu’ils avaient une assez bonne allocation du capital. Ils se concentraient sur ce qu’ils faisaient vraiment de bien. Et puis Zuckerberg a opéré une grande réorientation des ressources vers le Metaverse, où il a dépensé 40 milliards. Beaucoup d’actionnaires, ou du moins le narratif, disaient qu’il jetait de l’argent par les fenêtres.

[0:42:05 a.m.] Clay Finck: Quel est l’intérêt de toutes ces liquidités excédentaires s’ils les déploient dans quelque chose qui pourrait ne montrer aucun retour sur investissement ? Nous verrons bien, mais peut-être pourriez-vous parler des occasions de croissance et de la manière dont Meta aborde l’allocation du capital en 2024, compte tenu des leçons qu’ils ont apprises au cours des dernières années en ce qui concerne le Metaverse ?

[0 h 42 min 24 s] Pierre-Olivier Langevin : En ce qui concerne les occasions de croissance, il y a l’utilisation de l’IA. C’est tout simplement trop important pour ne pas en parler. Il y a probablement cinq éléments portant sur l’utilisation de l’IA. Le premier est qu’ils accroîtront l’efficacité interne. Donc, la sécurité, la programmation, le recours moindre à la main-d’œuvre… Le deuxième : ils augmenteront le rendement de l’investissement de la publicité. Nous le voyons avec Advantage+, les tests d’audience rapides, la recherche des meilleurs visuels, le meilleur texte… à mesure que l’IA apprend comment vous publiez des choses. Cela va être significatif. Le troisième est l’augmentation du contenu recommandé. Nous avons déjà des preuves que le contenu recommandé augmente le temps passé, et donc la charge publicitaire — soit la quantité de publicité affichée sur le fil —, par rapport au graphe social. Ils ont déjà réalisé les investissements pour avoir plus de contenu recommandé. Cela les aidera probablement à croître davantage.

[0 h 43 min 19 s] Pierre-Olivier Langevin : Le quatrième est l’offre d’outils d’IA gratuits aux utilisateurs. Ces outils d’IA ne sont pas encore monétisés, mais nous verrons cela plus tard. Et le cinquième est vraiment la vente d’outils de service à la clientèle virtuel aux entreprises. C’est un tout nouveau marché adressable pour Meta. Si vous y pensez, vous remplaceriez la main-d’œuvre humaine ou une partie de vos employés le service à la clientèle.

[0 h 43 min 43 s] Pierre-Olivier Langevin : Vous la remplaceriez probablement par un coût fixe ou un coût mensuel. Ce sera probablement une fraction du salaire d’un humain. C’est donc majeur si vous y pensez. Et c’est essentiel pour Meta, s’ils souhaitent de sortir de la publicité, ou plutôt de diversifier leurs sources de revenus en proposant un autre type de service aux entreprises.

[0 h 44 min 7 s] Pierre-Olivier Langevin : Au-delà de l’IA, il y a les publicités de type click-to-message qui fonctionnent bien. Il y a la messagerie d’affaires sur WhatsApp. Instagram continue de croître. Nous le voyons dans les documents réglementaires. Nous avons vu les chiffres d’Instagram. C’est 30 % de leur base de revenus qui affiche une croissance à deux chiffres, même dans les 20 %.

[0 h 44 min 33 s] Pierre-Olivier Langevin : Ils ont 46 milliards de dollars US de liquidités, malgré 37 milliards en dépenses annuelles en R-D. 16 milliards de pertes dans le Metaverse, 27 milliards de dépenses d’immobilisation, et pourtant, ils ont toujours des marges bénéficiaires incroyables. Avant la R-D et les pertes du Metaverse sur l’état des résultats, ils affichent une marge bénéficiaire (BAII) de 80 %. La plupart de ces dépenses en termes de R-D et de Metaverse sont discrétionnaires. Et, malgré tout cela, l’entreprise continue de générer un rendement du capital de 15 % à 20 % !

[0 h 45 min 1 s] Pierre-Olivier Langevin : Donc oui, Clay, je suis d’accord avec vous. Il y a beaucoup d’investissements qui sont réalisés et nous ne sommes pas trop sûrs des résultats qu’ils produiront. Malgré tout, c’est une très belle entreprise. Même avec toutes ces dépenses. Je pense que je vais devoir citer Zuckerberg, qui avait dit ceci après la publication des résultats du quatrième trimestre 2023 : « Nous sommes toujours bien positionnés, grâce aux leçons que nous avons apprises avec les Reels. J’ai décidé que nous devrions ajouter suffisamment de capacité pour soutenir parallèlement les Reels et un deuxième investissement de taille similaire advenant le cas où un autre Reels devait émerger, pour ne pas être dans cette situation à nouveau. »

[0 h 45 min 35 s] Pierre-Olivier Langevin : À l’époque, la décision était quelque peu controversée et nous avons reçu beaucoup de questions à propos de ces investissements. Avec ces investissements élevés que nous avons vus au cours des deux ou trois dernières années, Meta est passée de la défense à l’attaque en deux petites années. C’est incroyable ! Cela n’aurait pas été possible sans des investissements massifs.

[0 h 45 min 57 s] Pierre-Olivier Langevin : Zuckerberg travaille à la fois sur le long et le court terme. Il a racheté pour 63 millions de dollars US d’actions durant cette période. Peut-être que son timing n’était pas parfait, mais le prix moyen payé pour ces rachats était probablement assez intéressant. Ces investissements élevés sont totalement fongibles — peuvent être réaffectées à d’autres fins —. La plupart de ces investissements sont dédiés à des serveurs et de la puissance de calcul.

[0 h 46 min 21 s] Pierre-Olivier Langevin : Ils seront capables de former des modèles d’IA beaucoup plus imposants, des systèmes de recommandation, des outils d’IA à venir qu’ils voudraient créer. Ils auront la capacité de le faire. Si cela ne fonctionne pas, ils pourraient améliorer la sécurité, monétiser Threads plus rapidement, créer de nouveaux outils pour les annonceurs… Je ne pense pas qu’à notre époque, ce soit un péché d’avoir plus de capacité informatique que nécessaire.

[0 h 46 min 46 s] Pierre-Olivier Langevin : C’est probablement un grand atout à avoir aujourd’hui dans notre ère technologique. Peut-être le dernier point que je veux aborder pour cette question est le métavers. Beaucoup de gens voient le métavers ou Facebook Reality Labs comme une option tout ou rien. Mais ce n’est pas un seul projet. Il y a les systèmes de commande haptique ou neuronale.

[0 h 47 min 8 s] Pierre-Olivier Langevin : La manière dont vous communiquez avec votre appareil sans utiliser votre voix ou un clavier, peut-être un bracelet. C’est probablement ce qu’ils vont faire. Les investissements en IA contribuent déjà aux principales activités principales de l’entreprise. Les investissements en IA venaient à l’origine des laboratoires de réalité de Facebook. Il y a une montée des médias sociaux immersifs, des dispositifs de réalité augmentée, telles les lunettes intelligentes Ray-Ban.

[0 h 47 min 34 s] Pierre-Olivier Langevin : Ils les vendent bien, je veux dire, elles sont assez populaires. Et l’expérience immersive en entreprise. Vous êtes une multinationale, vous voulez rencontrer vos partenaires, mais ils sont à l’autre bout du monde et vous ne voulez pas prendre l’avion… Eh bien, ils ont un partenariat avec Microsoft pour cela.

[0 h 47 min 53 s] Pierre-Olivier Langevin : Donc, il y a des éléments au sein Facebook Reality Labs qui seront utiles et d’autres qui seront probablement radiés. Nous verrons bien. Mais ce n’est pas tout noir ou tout blanc.

[0:48:05 a.m.] Clay Finck: Je pense que cela fait une bonne transition vers ma prochaine question sur l’un de mes modèles mentaux préférés de Warren Buffett. Il dit : « Si vous ne prévoyez pas de posséder une action pendant 10 ans, ne pensez même pas à la détenir pendant 10 minutes. »

[0:48:16 a.m.] Clay Finck: Cela me rappelle également ce que Jeff Bezos a dit sur le fait de se concentrer et de parier sur des choses qui ne vont pas changer, au lieu de se demander, comme beaucoup le font : « Quelle sera la prochaine grande nouveauté ? Qu’est-ce qui va changer dans le futur ? » Peut-être pourriez-vous parler un peu de la façon dont votre équipe se sent à l’aise avec les changements que pourrait connaître une entreprise comme Meta au cours des 10 prochaines années.

[0 h 48 min 38 s] Pierre-Olivier Langevin : Ce n’est pas une question facile. Il y a deux formes majeures de changement que nous devons envisager. La première réside dans les nouvelles formes de contenu. Au cours de son histoire, nous avons vu Meta passer des publications basées sur du texte aux Stories, puis aux vidéos de courte durée. Je pense que nous avons une excellente feuille de route de Mark Zuckerberg et de son équipe. Ils ont les actifs et les capacités leur permettant de s’adapter à ces changements.

[0 h 49 min 9 s] Pierre-Olivier Langevin : Particulièrement avec ces investissements dont nous avons parlé, ils ont beaucoup de puissance informatique qui leur permet d’anticiper le prochain changement qui se produira. Ces changements pourraient se produire deux ou trois fois au cours de la prochaine décennie. Nous sommes assez confiants dans la capacité de Meta de s’adapter à cela. L’autre type de changement se situe vraiment sur le plan des appareils.

[0 h 49 min 32 s] Pierre-Olivier Langevin : Par exemple, passer du PC aux appareils mobiles, c’était un changement de plateforme. Cela ne se produit pas tout le temps et pourrait même ne pas se produire au cours des 10 prochaines années. C’est un changement plus risqué, mais moins fréquent. Il n’est pas évident d’identifier ce qui va perturber le téléphone mobile. Les lunettes ? Le casque de réalité mixte ?

[0 h 49 min 56 s] Pierre-Olivier Langevin : Il y a encore des problèmes d’ingénierie. L’expert que nous avons consulté a mentionné qu’il demeure des enjeux en ce qui a trait à la batterie, à la taille de l’appareil, la chaleur sur votre visage, le poids sur votre tête et le fait que ce soit immersif et encombrant. Ils trouveront probablement des solutions un jour, mais ils n’y sont pas encore parvenus pour tous ces défis. Donc, le changement sur le plan de la forme pourrait ne pas arriver au cours des trois, quatre ou cinq prochaines années. Cela pourrait prendre un peu plus de temps. Hormis pour les joueurs — de jeux vidéo –, il demeure difficile d’identifier quelles seront les grandes utilisations de ces expériences immersives avec le Quest ou le Vision Pro.

[0 h 50 min 17 s] Pierre-Olivier Langevin : Peut-être que certaines personnes pensaient que la montre viendrait éventuellement perturber le téléphone, mais clairement, Apple s’est accaparé ce marché. Apple est assez sage pour ne pas cannibaliser son propre téléphone. Ils en ont fait un outil supplémentaire que vous pourriez vouloir utiliser, mais en complément de l’iPhone ou conjointement avec l’iPhone, je devrais dire.

Si vous pensez à Mark Zuckerberg, il a 40 ans. Il devrait déjà recevoir un prix pour sa capacité avérée à réagir aux changements. Tous les changements dont nous avons parlé, passer de l’ordinateur de bureau au téléphone mobile, du texte aux images, aux stories, aux vidéos courtes, les turbulences politiques, l’intégrité des élections… Voilà des crises majeures… Ils ont dû investir massivement dans la sécurité. Le combat contre les modifications apportées à la politique en matière de confidentialité d’Apple. Aujourd’hui, avec le contenu recommandé, il est encore plus fort qu’avant avec les cookies et les technologies de suivi — des utilisateurs —. Il mérite déjà une énorme récompense pour sa capacité à réagir, et il n’est probablement même pas à son apogée. Il a également prouvé qu’il cherchait à faire des bénéfices. Vous pourriez être un bon visionnaire et vous adapter au changement, mais ne pas faire de profit. Et vous devez ajuster tout cela dans vos états financiers. Or, il n’est pas dans ce business-là.

[0 h 51 min 49 s] Pierre-Olivier Langevin : S’il embauche trop, il corrige le tir rapidement et licencie des gens. La principale raison des mises à pied est l’agilité. Encore une fois, cette capacité à réagir aux changements, avec moins de personnel et la capacité de racheter des actions. Ce n’est pas tout le monde qui est capable de saisir les occasions lorsque le cours de l’action baisse, et il a réagi rapidement. Donc, je suppose que tant que Zuckerberg est aux commandes, nous serons bien servis.

[0:52:15 a.m.] Clay Finck: Oui. Que vous l’aimiez ou non, ce qu’il a accompli en créant une entreprise aussi incroyable à un si jeune âge est tout simplement remarquable.

[0 h 52 min 24 s] Pierre-Olivier Langevin : Et d’être toujours à la barre, en passant. Parce que les compétences requises à 20 ans pour créer une entreprise à partir de zéro et les compétences nécessaires pour gérer une entreprise comptant des dizaines de milliers d’employés, wow, ce n’est pas la même chose.

[0 h 52 min 38 s] Pierre-Olivier Langevin : C’est très différent.

[0:52:40 a.m.] Clay Finck: Oui. Chaque étape de croissance nécessite des compétences très, très différentes. Vous détenez en portefeuille trois des grandes entreprises technologiques américaines : Meta, Alphabet et Amazon. Selon vous, laquelle des trois recèle les perspectives de croissance de leurs activités les plus solides au cours des cinq à dix prochaines années ?

[0 h 53 min] Pierre-Olivier Langevin : C’est probablement la question la plus difficile que vous allez me poser aujourd’hui. C’est super difficile à déterminer. Ce sont toutes des entreprises très puissantes et dominantes. Nous pensons que Meta et Amazon sont assez proches l’une de l’autre en termes de perspectives de croissance à long terme, tandis qu’Alphabet est probablement au troisième rang et ce, bien que ce soit vraiment une excellente entreprise.

[0 h 53 min 24 s] Pierre-Olivier Langevin : Commençons par Amazon. Ils possèdent les infrastructures du commerce électronique. Ils ont la capacité d’être les plus pratiques pour leurs clients. Quiconque voudrait être aussi pratique, aussi rapide en termes de livraison et au coût le plus bas, il y a des milliards de dollars qui les séparent de cela. Je suppose donc qu’ils seront probablement toujours dominants dans le commerce électronique dans 10 ans.

[0 h 53 min 50 s] Pierre-Olivier Langevin : Le commerce électronique continue de croître et de prendre des parts de marché au commerce de détail traditionnel. Le commerce électronique en pourcentage des ventes au détail aux États-Unis est passé de 10 %, à 16 % au cours des cinq dernières années. C’est à peu près la même tendance dans le reste du monde. Et cela croît à un rythme élevé.

[0 h 54 min 12 s] Pierre-Olivier Langevin : Si vous pouvez maintenir votre avantage concurrentiel et profiter de cette croissance, vous pourriez obtenir de très bons résultats. Nous pensons donc qu’Amazon va être un gagnant du commerce électronique. Alphabet/Google est probablement l’entreprise ayant eu le plus de succès dans l’histoire moderne. Ils ont le principal « pont à péage » pour les requêtes de recherche sur Internet. Ils sont un monopole, même s’ils ne veulent peut-être pas le dire publiquement.

[0 h 54 min 34 s] Pierre-Olivier Langevin : Ils sont tellement puissants, mais les régulateurs sont très attentifs à leurs activités de recherche. Ils sont au cœur d’énormes litiges. Les autorités antitrust des États-Unis et de l’UE sont sur leur dos. La recherche et le réseau Google représentent environ deux tiers de leurs revenus. Gemini obtiendra certainement, comme je l’ai dit précédemment, sa juste part de la recherche. Google passera peut-être du statut de monopole à celui d’oligopole. C’est toujours bien d’être en situation d’oligopole, mais ça constitue néanmoins une rétrogradation par rapport à l’état précédent. Il pourrait donc y avoir une contraction du multiple d’évaluation. Si vous pensez à tout ce que fait Google en dehors de la recherche, à peu près toutes les activités dégagent des marges bénéficiaires plus faibles. Nous pourrions donc également nous attendre à une contraction des marges bénéficiaires.

[0 h 55 min 24 s] Pierre-Olivier Langevin : Donc, chez Medici, nous nous assurons vraiment d’intégrer une contraction des marges bénéficiaires et de ne pas trop compter sur une expansion du multiple d’évaluation pour déterminer si nous sommes prêts à détenir le titre ou non. À ce jour, c’est toujours le cas, mais à mesure que nous avancerons dans le temps, ce ne sera peut-être plus le cas. Nous essayons de ne pas détenir une pondération combinée trop élevée dans Alphabet/Google et Meta, car les deux entreprises tirent leurs bénéfices de la publicité numérique.

[0 h 55 min 52 s] Pierre-Olivier Langevin : C’est une façon de limiter les risques.

[0:55:59 a.m.] Clay Finck: Je voulais passer à une autre entreprise. Lorsque j’ai commencé en tant qu’investisseur, il était facile de se laisser attirer par une croissance élevée. Je regardais Meta, Alphabet, Amazon et bien d’autres entreprises. Lorsque tu penses à une entreprise qui n’a pas de croissance, tu te demandes comment son titre peut bien se comporter ?

 

[0:56:19 a.m.] Clay Finck: Puis, vous tombez sur des entreprises, dont l’une que nous avons mentionnée plus tôt, O’Reilly Automotive, qui semble défier cette logique en affichant une croissance à un chiffre moyen à élevé et dont la performance en Bourse a été spectaculaire. Il n’y a aucun doute là-dessus. Parlez-nous d’O’Reilly Automotive et de ce qui en fait une entreprise si spéciale.

[0 h 56 min 40 s] Pierre-Olivier Langevin : Il y a trois ou quatre acteurs dominants aux États-Unis dans le marché des pièces d’auto : Napa, Advanced Auto Parts, AutoZone et O’Reilly. La façon dont la direction d’O’Reilly a organisé son réseau de distribution constitue un avantage. Un grand nombre de ses centres de distribution sont vraiment proches des grandes villes. Cela a été plus coûteux de les construire de cette manière, mais permet de livrer les pièces de manière beaucoup plus fréquente que même les autres grands acteurs.

[0 h 57 min 8 s] Pierre-Olivier Langevin : Et encore une fois, ces grands acteurs que je viens de citer représentent environ 50 % du marché. Ils remplacent donc des acteurs régionaux. Et ce qui est génial avec cette entreprise, c’est que pour de nombreux détaillants, vous devez avoir le meilleur prix pour gagner. Dans l’industrie des pièces automobiles de rechange, vous voulez que votre vie reprenne son cours normal le plus rapidement possible lorsque votre voiture a un problème. Si les pièces sont disponibles immédiatement, vous n’êtes pas prêt à comparer les prix à deux ou trois endroits différents pour trouver le meilleur prix.

[0 h 57 min 42 s] Pierre-Olivier Langevin : Vous voulez juste reprendre vos activités. C’est la même chose pour le réparateur, le technicien. Il veut faire tourner ses baies de service et il refile le prix des pièces à l’utilisateur final, le conducteur. Donc, s’il peut obtenir les pièces rapidement, il pourra faire tourner ses baies plus rapidement. En général, les techniciens qui réparent les voitures et qui font tourner leurs baies de service rapidement finissent par avoir de meilleurs salaires et de meilleures primes que ceux qui ne le font pas.

[0 h 58 min 11 s] Pierre-Olivier Langevin : Donc, avoir le bon partenaire qui peut vous livrer rapidement est crucial. Si vous pensez à AutoZone, qui est probablement le meilleur concurrent d’O’Reilly avec d’excellents résultats financiers, leur distribution a été planifiée pour la clientèle « faites-le vous-même ». Donc, les gens qui possèdent des voitures et veulent les réparer eux-mêmes.

[0 h 58 min 34 s] Pierre-Olivier Langevin : Pas tellement pour l’industrie des techniciens, soit le créneau « faites-le pour moi ». S’ils veulent gagner dans ce marché, ils devront accomplir un énorme travail sur le plan de la distribution et cela coûtera cher. Ils le feront probablement, mais il leur faudra, je suppose, au moins cinq ans pour peut-être réduire l’écart avec O’Reilly. Donc, avoir cet avantage est génial, mais encore une fois, pour revenir à ce que j’ai dit précédemment, nous pourrions penser que la tarte n’est pas en croissance.

[0 h 59 min 2 s] Pierre-Olivier Langevin : Il y a tellement de commerces de pièces automobiles aux États-Unis et il n’y a plus de croissance. Mais si vous avez une bien meilleure capacité à gagner par rapport à vos concurrents, vous finissez par écarter des concurrents. Vous pouvez continuer à ouvrir des magasins. Votre rendement de l’investissement ne diminue pas beaucoup. Et si vous voyez qu’il diminue, vous pouvez ralentir les ouvertures de magasins. Ce n’est toutefois pas ce qui se passe avec O’Reilly.

[0 h 59 min 29 s] Pierre-Olivier Langevin : Ils continuent d’ouvrir des magasins, même si le marché semble mature… et le rendement est toujours bon. Donc, même si le marché ne croît pas, ils sont tout simplement capables de gagner des parts de marché. Et nous le voyons, si vous lisez les transcriptions de téléconférence, vous écoutez la direction, vous leur posez des questions, ils gagnent clairement des parts de marché. Je suppose que nous aimons aussi le fait que c’est anticyclique.

[0 h 59 min 50 s] Pierre-Olivier Langevin : S’il y avait une récession majeure demain, oui, peut-être que le premier mois, les gens figeraient et qu’O’Reilly afficherait de mauvais résultats pour ce trimestre donné. Mais ils seront probablement les premiers à se rétablir parce que les gens cesseraient d’acheter de nouvelles voitures et répareraient leurs vieilles voitures. Ils sont des bénéficiaires directs d’un tel contexte.

[1 h 12 s] Pierre-Olivier Langevin : Nous sommes des investisseurs fondamentaux. Nous voulons rester calmes lorsque des choses se passent dans l’économie et être capables de prendre de bonnes décisions. Mais avoir quelques titres comme ceux-ci qui sont plus stables peut vous aider à rester calme dans ce genre de contexte. Donc, détenir O’Reilly en portefeuille est une excellente chose.

[1:00:32 a.m.] Clay Finck: Super. Pierre-Olivier, je vous remercie beaucoup d’avoir participé à l’émission aujourd’hui, d’avoir été si généreux de votre temps et d’avoir partagé plus d’informations sur votre processus et vos participations chez Medici. Veuillez nous indiquer comment le public peut se connecter avec vous et en savoir plus sur Medici s’il le souhaite. Et tout autre renseignement que vous aimeriez partager pendant que nous sommes ici.

[1 h 53 s] Pierre-Olivier Langevin : Merci beaucoup, Clay, de m’avoir reçu. Si les gens veulent nous contacter, ils peuvent consulter notre site Web, www.gpsmedici.ca. Nous avons une version légère en anglais, mais comme la grande majorité de nos clients parlent français, il y a une version bonifiée qui présente beaucoup de contenus en français. Les traducteurs sont assez efficaces aujourd’hui, donc je suppose que tout investisseur curieux serait bien avisé de consulter cette section du site Web.

[01:01:21] Pierre-Olivier Langevin : Vous pouvez vous abonner à notre infolettre. Nous pouvons servir les investisseurs résidant dans la plupart des grandes provinces canadiennes.

[01:01:28] Clay Finck: Super. Je m’assurerai de tout cela dans les notes de l’émission. Pierre-Olivier, merci encore. C’était génial. Je sais que le public va vraiment apprécier et vous en remercie.

[01:01:36] Pierre-Olivier Langevin : Super. Merci, Clay.

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